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Des soldats turcs en Syrie: Karakozak

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Les relations entre la Turquie et la Syrie se sont considérablement dégradées depuis deux semaines avec l'incident militaro- diplomatique survenu au-dessus des eaux de la Méditerranée le 22 juin. La défense antiaérienne syrienne postée près de la ville portuaire de Lattaquié, a abattu un jet turc, un F4 Phantom, et ses deux pilotes, sans sommations. Selon Ankara, l'avion se trouvait au-dessus des eaux internationales, ce que conteste la Syrie et que contredisent les rapports publiés dans la presse, notamment par le Wall Street Journal. L'avion turc avait violé la souveraineté territoriale syrienne, selon Damas.

Dans une interview au journal turc Cumhuriyet, publiée la semaine dernière et réalisée par Utku Cakirözer, Bachar-el-Assad a exprimé ses regrets mais n'a pas trouvé d'excuses aux Turcs pour cet incident. Leur avion avait emprunté un couloir déjà utilisé par l'aviation israélienne, a prétexté le dirigeant syrien. La Syrie affirme que l'avion a été abattu à l'aide d'une arme de courte portée, 2 ou 3 km maximum, ce qui prouverait qu'il se trouvait dans l'espace syrien, 12 miles à partir des côtes.

Deux semaines plus tard, les corps des deux pilotes ont été retrouvés ainsi que divers débris et objets échappés de l'épave de l'avion. Le 5 juillet, les forces armées turques ont publié un communiqué, accompagné de photos d'une carte détaillée précisant le lieu où ont été retrouvés ces indices.

Le gouvernement turc a multiplié les consultations et la réunion du Conseil national de Sécurité a confirmé la modification des règles d'engagement des troupes turques, définissant clairement la Syrie comme une menace potentielle, ce qui n'était plus le cas depuis que Tayyip Erdogan avait lancé un rapprochement avec Damas. Depuis le 23 juin, la situation reste très tendue à la frontière turco syrienne où avions turcs et hélicoptères syriens se regardent en chiens de faïence.

Cette situation pourrait venir bouleverser la tranquillité du petit sanctuaire de Karakozak, un lieu méconnu, isolé, niché au Nord de la Syrie, à une vingtaine de kilomètres de la frontière avec la Turquie, le long de l'Euphrate. C'est là que se trouve le tombeau de Suleyman Shah, le grand-père d'Osman 1er, fondateur de la dynastie des "Osmanli", en d'autres termes de l'empire ottoman. La dépouille de cette figure historique importante pour la Turquie - au cas où certains douteraient encore de la continuité historique entre l'empire et la république- est gardée par quelques soldats turcs. Un drapeau turc flotte sur le mémorial.  Et il n'est pas, cette fois, question de violation de l'espace syrien.

Le tombeau de Suleyman Shah à Karakozak (Photo AP)

C'est la France, qui occupait alors ce territoire, qui a laissé la Turquie prendre soin du tombeau de Suleyman Shah, dont le statut est fixé  par un article des Accords franco turcs d'Ankara (Angora), signés en octobre 1921 par Franklin-Bouillon. C'est l'article 9 qui stipule: "Le tombeau de Suleiman Chah, le grand-père du sultan Osman, fondateur de la dynastie ottomane, (tombeau connu sous le nom de Turc Mézari); situé à Djaber-Kalessi, restera avec ses dépendances, la propriété de la Turquie, qui pourra y maintenir des gardiens et y hisser le drapeau turc".

Cet accord a ensuite été renouvelé lorsque la Syrie est devenue indépendante. Pour l'instant, les soldats et le drapeau turc sont toujours à Karakozak. En cas de conflit ouvert entre les deux pays, c'est un symbole qui pourrait être menacé.

 

Les liens proposés ci-dessous (vous aimerez aussi) ne sont nullement approuvés par l'auteur de ce blog.


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